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Workshop "L'environnement : des sciences naturelles aux sciences humaines et sociales"
Deuxième workshop sur les concepts d’environnement dans les sciences naturelles, humaines et sociales
« L'environnement : des sciences naturelles aux sciences humaines et sociales »
Organisateurs : Francesca Merlin (chargée de recherche, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne & CNRS), Gaëlle Pontarotti (postdoctorante, Université Paris-Diderot, associée à l’IHPST), Antoine Dussault (Professeur associé, CIRST Montréal, associé à l’IHPST),
Date et lieu : 16-17 décembre 2019 (IHPST, Paris, 13 rue du Four)
PROGRAMME
Lundi 16 décembre 2019
14h00-14h30 – Accueil des participants & café
14h30-15h15 – Marie Gaille (CNRS & Université de Paris) : De la médecine à la philosophie et retour. "L'environnement" comme élément de la clinique
15h15-16h00 – Elodie Giroux (Université Jean Moulin Lyon3) : Des miasmes à l’exposome : signification plurielle et changeante de l’environnement en épidémiologie
16h00-16h30 – pause café
16h30-17h15 – Séverine Louvel (Sciences Po Grenoble & IUF) What’s in a name? The three genealogies of the social in social epigenetics
17h15-18h00 – Clémence Pinel (Université de Copenhague) : Molecularization, Biomedicalization, Responsibilisation: the three driving forces of environmental epigenetics
20h – Dîner
Mardi 17 décembre 2019
9h00-09h30 – Café
09h30-10h15 – Patrick Blandin (Muséum national d’Histoire naturelle) :
Equilibre, adaptabilité, transformabilité des systèmes écologiques : une évolution conceptuelle qui interpelle l'éthique environnementale
10h15-11h00 – Sébastien Dutreuil (CNRS & Université d’Aix Marseille) :
La constitution du concept d" 'environnement global' dans la seconde moitié du vingtième siècle : transformations des savoirs de l'environnement et émergence d'une politique de la Terre
11h00-11h30 – pause café
11h30-12h15 – Catherine Larrère (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) : Ethique environnementale ou éthique écologique ? Retour sur une incertitude terminologique
12h15-14h00 – Déjeuner
14h00-14h45 – Emmanuel Picavet (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) : Environnement de l’être humain, environnement de l’action, environnement de l’interaction
14h45-15h30 – Blanche Lormeteau (Laboratoire Droit et Changement Social UMR 6297 Nantes) : Responsabilité et préjudice écologique : l’intégration de l’environnement comme objet de droit
15h30-16h30 – Discussion générale et conclusion
Thématique (argumentaire)
L’« environnement » est un concept central dans plusieurs disciplines, de la biologie aux sciences humaines et sociales, en passant par l’écologie et les sciences de la Terre. Il n’est pas surprenant que ce concept occupe une place majeure dans les sciences du vivant. En biologie de l’évolution, les populations naturelles subissent l’influence sélective de leur environnement et l’influencent en retour, modifiant ainsi les pressions de sélection auxquelles elles sont soumises. En biologie moléculaire et en biologie du développement, les interactions gènes-environnement sont au cœur de l’enquête : l’environnement a une incidence sur l’expression différentielle des gènes et participe donc à la construction de l’organisme (à son ontogenèse). L’« environnement » peut ici désigner à la fois un contexte extérieur ou intérieur, les deux pouvant influencer l’organisme tout au long de sa vie. L’écologie étudie précisément les relations entre différentes entités biologiques (les organismes, les populations, les espèces, les communautés et les écosystèmes) et leur environnement.
En plus d’être un concept central au sein de plusieurs champs de la biologie, l’environnement soulève plusieurs questions qui occupent chaque jour plus de place dans notre société, notamment dans les politiques publiques, les médias, l’éducation, la publicité ou encore la sphère associative. En témoignent les débats sur la protection de la biodiversité, le développement durable, les droits de l’environnement, etc., tous motivés par notre contribution au changement climatique, et donc notre responsabilité individuelle et collective quant à ses conséquences néfastes sur le devenir de notre planète.
L’environnement est donc devenu le dénominateur commun de discours et de pratiques diverses dans les sphères scientifique et publique. Dans ce contexte, on pourrait à première vue penser que ces discours et pratiques portent sur le même objet, et soulèvent des problèmes et des solutions susceptibles de se rejoindre. Toutefois, qu’y a-t-il de commun entre les questions relatives à l’influence mutuelle des organismes et de leur environnement, aux interactions gènes-environnement, à la résilience des écosystèmes, aux changements climatiques, à la protection de la biodiversité, etc. ? Cette interrogation a motivé l’organisation de deux workshops consacrés au concept d’environnement dans les sciences naturelles, humaines et sociales. Nous souhaitons regrouper des scientifiques et philosophes spécialisés en biologie, en écologie, en sciences de la Terre, en médecine et en sciences humaines et sociales afin de développer un cadre conceptuel commun favorisant une meilleure synergie entre des disciplines qui se penchent (souvent encore isolément) sur cette thématique. Une telle réflexion est urgente étant donnée la place croissante que prend l’environnement dans toutes ces disciplines et l’absence d’une « discipline de l’environnement » faisant l’interface entre celles-ci.
Nous avons déjà focalisé notre attention sur la catégorie d’« environnement » dans les sciences de la nature lors d’un premier workshop intitulé « Conceptualising the Environment: Contemporary philosophical issues » (25-26 juin 2018). Nous souhaitons désormais élargir notre réflexion aux sciences humaines et sociales et aux débats publics au sujet de l’environnement en organisant ce deuxième workshop intitulé « L’environnement : des sciences naturelles aux sciences humaines et sociales ». Il s’agira de questionner les concepts d’environnement de façon transdisciplinaire afin d’en clarifier les significations multiples et d’identifier ce qu’elles ont en commun. Comme son titre l’indique, l’événement sera plus spécifiquement consacré aux concepts d’environnement dans les sciences humaines et les sciences sociales (anthropologie, philosophie sociale et politique, philosophie et éthique de l’environnement, sociologie, droit, etc.) en rapport avec les usages de ces concepts dans les sciences naturelles (en particulier l’écologie, la biologie du développement et la biomédecine). Il permettra de soulever des questions qui occupent aujourd’hui les sphères publique et politique. Ce workshop sera structuré en deux sessions thématiques disciplinaires :
1) L’environnement dans les sciences sociales et médicales
2) L’environnement en éthique et politique environnementales
Chaque session visera à interroger et comparer les concepts d’environnement intervenant dans ces divers domaines de recherche. Il s’agira donc d’un questionnement d’ordre philosophique, qui ne pourra pourtant prendre sens qu’en dialogue avec les préoccupations des différents champs de recherche conviés. Nous tâcherons de faire des questions suivantes le fil conducteur de nos réflexions :
1) Qu’est-ce qu’un environnement social ? Comment le caractérise-t-on ? Comment le mesure-t-on ? Quelles sont les échelles pertinentes pour l’enquête médicale (infra-organismique, familiale, culturelle, géographique, etc.) ? Comment l’environnement social s’articule-t-il avec l’environnement biologique dans le ce cadre ? Existe-t-il une commune mesure entre les deux ? Au contraire, le pluralisme d’approche reflète-t-il une différence de culture épistémique indépassable entre sciences de la nature et sciences humaines et sociales ?
2) Quel « environnement » doit-on protéger en éthique de l’environnement ? L’environnement de l’être humain ? Celui d’autres espèces, voire de toutes les espèces ? Quelle est la pertinence des concepts biologiques d’espèce, de niche, de communauté, d’écosystème et de biodiversité pour l’élaboration de politiques de conservation environnementale ? Les transformations apportées à l’environnement par les humains équivalent-elles à de la construction de niche ? L’« Anthropocène » remet-elle en question le dualisme nature/culture caractéristique de la pensée occidentale ?
Des considérations d’ordre juridique traverseront les réflexions qui seront développées sur les questions posées ci-dessus. Nous soulèverons le problème de la responsabilité individuelle et collective à l’endroit des générations futures qui pourraient être fragilisées par nos comportements et nos modes de vie, ainsi que par la façon dont nous transformons notre environnement. Nous questionnerons par ailleurs les évolutions législatives liées à notre connaissance des effets de l’environnement sur la santé, le changement climatique et la réduction de la biodiversité. Dans ce contexte, nous interrogerons le concept d’Anthropocène (période géologique pendant laquelle l’incidence de l’activité humaine sur la planète a atteint un niveau significatif), sa pertinence et son effet sur les conceptions de l’environnement dans les sciences humaines et sociales.